Quoi qu’il arrive, Elio Di Rupo aura accompli un authentique exploit : devenir Premier ministre. Il aura dû, pour cela, consentir à une 6e réforme de l’État réclamée à cor et à cri par la Flandre. Après les élections de 2014, ses chances de rester au pouvoir sont minces. Ou bien la N-VA se maintient à son niveau actuel et devient incontournable, ou bien Gwendolyn Rutten est touchée par la grâce et ramène le parti de Guy Verhofstadt au cœur du jeu politique en Flandre, ou bien le CD&V, fort de son ancrage dans la société flamande, redresse la tête et récupère la fonction de Premier ministre à laquelle il s’est habitué.
Il serait quand même étonnant que la famille libérale arrive en tête au soir des prochaines élections. Reste le CD&V, descendu à 14,1 % des intentions de vote en Flandre au vu du récent baromètre politique RTBF/La Libre.
Parti de pouvoir, le CD&V ne sait plus comment exister. Se ranger derrière Elio Di Rupo, ce ne fut pas une décision facile à prendre. Il faut l’assumer. Reconstituer le cartel avec la N-VA, quand le parti de Bart De Wever convainc près de trois fois plus d’électeurs flamands que le CD&V lui-même, c’est accepter de rester dans son ombre. Alors, pour se démarquer de la N-VA, le CD&V veut la jouer « responsable » : aucune intention de paralyser la Belgique après les élections de 2014, priorité à la mise en œuvre de la 6e réforme de l’État, dont les acquis substantiels ne doivent rien à la N-VA.
Dans ce repositionnement, Kris Peeters doit peser de tout son poids. Figure populaire, issu d’une organisation patronale flamande, avec une aspiration à l’autonomie de la Flandre qui le rend proche de la N-VA, il est présenté comme un super-candidat au poste de Premier ministre. On imaginait qu’il pourrait s’entendre avec la N-VA pour rester à la tête du gouvernement flamand après les élections de 2014, mais il semble avoir choisi de s’engager avec le CD&V dans ce qui ressemble à une « opération survie ».
En attendant, même si la stratégie du CD&V le pousse à miser sur une Belgique flamande plutôt que sur une Flandre indépendante, Kris Peeters n’entend pas décevoir ses supporters. Il se comporte encore et toujours comme un champion du confédéralisme. Pour s’en convaincre, il suffisait de lire Le Soir de jeudi passé. On pouvait y lire l’information suivante dans un billet d’humeur de Michelle Lamensch :
« …Kris Peeters envisagerait une mission commerciale commune avec son homologue catalan… Dans un pays, précise-t-il avec des accents diplomatiques, où la présence commune de la Flandre et de la Catalogne a du sens. Les deux Régions souhaitent se présenter ensemble ‘car elles sont les moteurs économiques de leur pays’. Peeters se pousse alors d’un cran lorsqu’il annonce son intention de partir en mission commerciale en Afrique du Sud… avec le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte. Ces manœuvres de politique extérieure ont énervé Didier Reynders, qui rappelle à Kris Peeters qu’il doit se limiter à des contacts économiques et lui laisser les visites politiques.
« Loin de faire baisser la pression, ce dernier lui rétorque que la Flandre a également des compétences politiques.
« Il est beau notre ‘fédéralisme de coopération’… »
G.R.
http://www.lalibre.be/actu/politique-belge/article/801270/bart-de-wever-la-belgique-federale-a-terme-une-coquille-vide.html
Sans commentaires…
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