Cherchez l’erreur

« La libre » de ce jour publie le témoignage d’un homme entendu cet été par les enquêteurs de la Cellule du Brabant wallon. « Ces derniers tentent de rassembler les pièces d’un puzzle que les prédécesseurs ont laissé s’embrouiller », note-t-elle. L’homme, un ancien syndicaliste sans emploi, dit avoir été recruté par la Sûreté de l’Etat, en 1982, afin d’infilter l’organisation d’extrême droite « Westland New Post ». L’objectif aurait été d’identifier des profils prêts à tout, afin de les projeter sur zone et de terroriser la population. L’informateur aurait ainsi ouvert la voie aux tueurs du Brabant.

Notre ami Roland Douhard nous livre sa lecture d’événements qui secouèrent notre pays.

tueries du brabantC’est plausible. En parallèle avec les tueries du Brabant, il faudrait rouvrir l’enquête de l’attaque de la caserne de Vielsam, en mai 1984. Cette opération fut montée par des militaires de l’Alliance atlantique, dans le cadre d’une manœuvre OTAN appelée « Oesling », où se retrouvèrent Américains, Allemands, Luxembourgeois et Belges. Un sous-officier de la caserne y laissa sa vie. Quelques mois plus tard, en septembre 1985, dans le cadre des tueries du Brabant, qui s’échelonnèrent de mars 1982 à novembre 1985 (28 morts), sur le parking d’un des magasins Delhaize attaqués, on retrouva des douilles semblables à celles employées à Vielsam. Le doute était permis. A l’époque, nous avons été un certain nombre à faire le rapprochement entre ces deux affaires ainsi qu’à nous interroger sur le rôle de l’Etat-major de la gendarmerie, de la Sûreté de l’Etat et des services américains en Europe, en liaison étroite avec des nervis de l’extrême droite belge. Simultanément à ce terrorisme noir d’extrême droite, un terrorisme rouge d’extrême gauche, celui des CCC, affola les populations par une série d’attentats, en Wallonie et à Bruxelles, parfois meurtriers. Si l’objectif avait été de déstabiliser la Belgique et d’obtenir le renforcement des moyens de la gendarmerie (à l’époque, un Etat dans l’Etat) et de défense, ce fut une réussite. Quelques années plus tard, le ministre de l’Intérieur socialiste flamand, Louis Tobback, prit la décision de faire désarmer la gendarmerie, avant que de la dissoudre, par les accords dits « octopus », en mai 1998, et de la fusionner à la police fédérale. Etrangement, en Italie, un schéma quasi similaire avait été observé quelques années plus tôt. Attentat à la gare de Bologne, en août 1980 (85 morts), signé des œuvres de l’extrême droite. Ce tragique épisode déboucha sur l’arrestation de membres d’une soi-disante loge maçonnique, appelée « Propaganda Due », et d’officiers des services secrets italiens … A l’opposé du spectre politique, les Brigades rouges firent pas moins de 415 morts, de 1972 à 1979, en terrorisant toute l’Italie. Leur fait d’arme, en mai 1978, fut l’assassinat du président de la Démocratie chrétienne, Aldo Moro, responsable d’un rapprochement politique, appelé « le compromis historique », avec le parti communiste d’Enrico Berlinguer. Cette tentative de former un gouvernement démocrate-chrétien/communiste n’était pas du goût de tous (à l’époque, le PCI était très puissant et faisait peur aux forces réactionnaires et aux Américains). Il faut ajouter à cette analogie, entre les situations belge et italienne, qu’il existait, dans ces deux pays plus fortement qu’ailleurs, dès le lendemain de la Seconde Guerre mondiale, un réseau de « résistance », appelé « Gladio » (« Glaive », en italien), sous l’égide de la CIA américaine et du MI6 britannique, qui devait pouvoir être mobilisé à tout moment, en cas d’invasion des chars du Pacte de Varsovie. C’est l’ancien premier ministre et mafieux italien, Giulio Andreotti, qui le révéla en octobre 1990. On retrouva des caches d’armes un peu partout en Italie et en Belgique, notamment dans la forêt de Soigne, non loin de Bruxelles.

 Roland Douhard

Une réflexion sur « Cherchez l’erreur »

  1. Tout cela est très bien mais qu’en est-il aujourd’hui ?
    Aurait-on remplacé les chars par le gaz et le pétrole d’où les déstabilisations sanglantes en chaîne à travers les Balkans, sur le pourtour de la Mer Noire et le long de la frontière occidentale de la Russie ?
    L’affaire des navires « Mistral », achetés par la Russie, en France relève – t – elle aussi de cette immixtion américaine ?

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